05/04/2006
Les actions d'aide à la recherche de l'ARSEP
L’ARSEP consacre annuellement plus d’1 million d’euros au soutien de projets de recherche.
En 2004, ce sont plus de 915 000 qui ont été distribués et un appel d’offres exceptionnel de 600 000 a pu être lancé au profit de la recherche clinique.
Après avoir financé en 2004 le développement de techniques nouvelles d’imagerie cérébrale, l’ARSEP s’est fixé pour objectif de favoriser des projets de recherche transversaux permettant de développer, à partir de la biologie fondamentale, des essais thérapeutiques innovants.
Les axes de recherche développés sont multiples :
- GÉNÉTIQUE (recherche des terrains familiaux de prédisposition),
- VIROLOGIE (étude du rôle des virus dans la maladie),
- IMMUNOLOGIE (compréhension des mécanismes immunitaires impliqués),
- RECHERCHE CLINIQUE (étude et développement de nouveaux traitements),
- IMAGERIE (développement des systèmes d’analyse pour l’aide au diagnostic et au pronostic)
- NEUROBIOLOGIE (étude des mécanismes biologiques).
L'état des connaissances sur la maladie
La Sclérose en Plaques garde encore des mystères plus de 100 ans après sa découverte par Jean Martin Charcot, neurologue à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière. Néanmoins, des avancées toute récentes modifient à la fois notre compréhension des mécanismes de la maladie et les perspectives thérapeutiques. Les avancées se font sur plusieurs plans.
Mieux comprendre le déclenchement de la maladie
L’étude de la réaction inflammatoire dans le sang et dans le système nerveux central des patients atteints de Sclérose en Plaques fait apparaître que les responsables des lésions de la myéline sont multiples : lymphocytes (cellules de l’immunité), anticorps, molécules sécrétées ou cytokines, concourent à créer les plaques (les lésions) de Sclérose en Plaques.
Le rôle de chacun de ces acteurs commence à être précisé. Notamment, il apparaît que certains lymphocytes ont un rôle agressif alors que d’autres au contraire ont un rôle régulateur limitant le processus inflammatoire. Le démembrement de ces différentes étapes du processus inflammatoire est d’une importance majeure car il permet d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques innovantes.
Parallèlement à ces recherches en neuro-immunologie, les études anatomiques ont montré la grande diversité des lésions du système nerveux central qui sont déclenchées par cette réaction inflammatoire. En effet, ces lésions sont très différentes d’un individu à l’autre. Alors que certaines lésions ont un fort potentiel de réparation, d’autres au contraire laissent une atteinte chronique de myéline, sans remyélinisation. Cette hétérogénéité explique probablement en partie la grande variabilité de la sévérité de la maladie, et fait envisager des réponses thérapeutiques différentes. Il n’y a donc peut être pas une seule Sclérose en Plaques, mais en réalité différentes maladies qui sont regroupées sous le même terme de Sclérose en Plaques.
Mieux voir, pour mieux suivre l’évolution des lésions et pour évaluer l’efficacité des nouveaux traitements.
L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) a révolutionné les possibilités de diagnostic de la maladie, en montrant les lésions dans le cerveau et dans la moelle épinière, et en précisant leur caractère inflammatoire. A côté de l’IRM conventionnelle, de nombreuses méthodes d’imagerie plus sophistiquées se développent activement, permettant d’évaluer de façon beaucoup plus précise les anomalies du tissu nerveux (spectroscopie, imagerie de diffusion, tractographie..). Ces nouveaux outils IRM sont en outre d’une importance capitale pour l’évaluation de l’efficacité des nouveaux traitements.
Mieux maîtriser le processus inflammatoire.
Depuis plusieurs années, les différents traitements immunomodulateurs (interférons et Copaxone) ont montré une efficacité dans la phase rémittente de la maladie, en diminuant d’environ 30% la fréquence des poussées. Plus récemment, des études ont montré l’intérêt de traitements immunosuppresseurs, comme la mitoxantrone, dans certaines formes très agressives, très inflammatoires de Sclérose en Plaques.
Enfin, depuis quelques semaines, des résultats préliminaires d’un très large essai thérapeutique multicentrique de phase III ont été communiqués. L’étude a évalué l’efficacité d’un anticorps monoclonal, le natalizumab, dans les formes rémittentes de la maladie. Cet anticorps empêche le lymphocyte actif d’entrer dans le système nerveux central. Les résultats à 1 an sont très prometteurs et montrent une diminution franche de la fréquence des poussées. Ils doivent bien sûr être confirmés à 2 ans. Si tel était le cas, il s’agirait alors d’une nouvelle possibilité thérapeutique très intéressante dans la Sclérose en Plaques.
Il est en outre important de savoir que plus de 30 essais thérapeutiques multicentriques internationaux sont en cours, testant des molécules dont les mécanismes d’action sont différents.
Favoriser la réparation des lésions.
A côté des traitements à visée anti-inflammatoire dont le but est de limiter l’agression à l’origine des lésions, des stratégies expérimentales visant à favoriser la réparation des lésions du tissu cérébral se développent, qu’il s’agisse de stratégies de protection axonale et/ou de remyélinisation. Le dynamisme de ces recherches fondamentales, et la réalité d’une recherche translationnelle sont des atouts majeurs et représentent un réel espoir pour les patients.
Pr Catherine LUBETZKI
Fédération de Neurologie – GH Salpêtrière
Présidente du Comité Scientifique de l’ARSEP
Déc. 2004
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